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et pagayèrent sur le lagon, vers Nihi, un autre ancien village, situé près de la passe du même nom.

« Par cette passe, une seconde goélette était venue et avait brûlé Nihi, après avoir également tué la plupart de ses habitants. Le reste fuyait comme nous sur ses pirogues, que nous rencontrâmes à la nuit tombante.

« Elles se joignirent aux nôtres, et dans l’obscurité grandissante nous fîmes route ensemble vers Paoulou.

« La nuit était complète quand nous croisâmes une troisième flottille, d’où montaient des sanglots de femmes et d’enfants.

« Et nous apprîmes que Paoulou, par une troisième goélette qui en avait franchi la passe, avait été aussi incendié, et un grand nombre d’hommes massacré.

« Ce diable de second, voyez-vous bien, n’avait pas été noyé. Il avait, avec son youyou, gagné les îles Salomon et raconté à ses frères ce qui s’était passé à Oulong. Et tous ses frères blancs avaient déclaré qu’ils viendraient pour nous châtier

« Le lendemain matin, deux des goélettes, les voiles gonflées par un fort alizé, entreprirent de nous donner la chasse sur le lagon.

« Par vingtaines, elles défonçaient nos pirogues et, tandis que nous tentions de nous sauver à la nage, les fusils ne cessaient pas de parler.

« Nous nous dispersâmes comme des poissons volants, et résolûmes de gagner, pour nous y réfugier, les divers îlots qui bordent l’atoll.