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chance de nous échapper. Le compte de ce sot était bon. Mais savez-vous ce qu’il fit ?

— Je ne m’en doute pas.

— Eh bien, quand nous fûmes à quarante pieds de son misérable youyou, dont le bordage affleurait presque le ras de l’eau, à quatre pouces, pas plus, le second déposa tranquillement son fusil, prit une sorte de gros boudin, l’alluma à son cigare, qu’il fumait, et nous le lança.

« Le boudin, je l’ai su ensuite, était de la dynamite.

« Il tomba dans la première pirogue et y éclata, avec un bruit épouvantable. Instantanément, la pirogue fut réduite en miettes avec tous ceux qu’elle portait,

« Le second avait en réserve beaucoup d’autres boudins, qu’il continua à nous lancer.

« Quelquefois, le boudin éclatait en l’air, mais le plus souvent au moment précis où il atteignait une pirogue. Et la pirogue était détruite.

« Il en fut ainsi de celle où je me trouvais. Les deux noirs qui étaient assis à côté de moi furent tués du coup. J’eus la chance de n’être pas atteint et quand la pirogue sombra, je me jetai à la nage

« Dix pirogues furent ainsi pulvérisées. Celles qui restaient virèrent de bord et revinrent en arrière.

« Alors le second se mit à-rire, en criant, à notre adresse : Yah ! Yah ! Yah !

— « Puis il recommença de nous tirer dessus avec son fusil. En sorte que beaucoup de nous furent frappés mortellement dans le dos.