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drez pourquoi, maintenant, nous avons peur. »

J’allumai ma pipe et attendis.

Je traduis ici, en bon langage, le récit que me fit Oti dans son atroce « bêche-de-mer ». Mais il va de soi que, pour le fond comme pour les détails, je reproduis fidèlement ce qui tomba des lèvres du vieux nègre.

« Ce dernier exploit, dit-il, le plus beau de tous, que je viens de vous conter, nous avait tous rendus très fiers.

« Maintes fois, au surplus, nous nous étions déjà battus avec les hommes blancs qui viennent sur la mer, et toujours nous les avions vaincus.

« Sans doute, un certain nombre d’entre nous avaient été tués. Mais les morts comptaient peu, en regard des mille richesses variées, trouvées par nous sur les navires dont nous nous emparions.

« Or, un jour, il y a de cela vingt à vingt-cinq ans, une goélette entra droit dans le lagon, par la passe de Paoulou, un ancien village qui n’existe plus aujourd’hui, et jeta l’ancre.

« Elle avait à bord cinq hommes blancs et un à équipage d’une quarantaine de noirs, originaires de la Nouvelle-Guinée. Elle venait pêcher le bêche-de-mer.

« Elle mit à flot ses canots, qui se disséminèrent de droite et de gauche, et les hommes établirent çà et là leurs campements, où ils faisaient sécher le poisson qu’ils avaient pris.