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Bunster vivait avec une femme indigène, qu’il s’était attribuée de force.

Maouki apprit que c’était la troisième qui avait cet honneur. Cela, pour l’excellente raison que la première et la seconde gisaient sous le sable, dans deux tombes, pieusement parées, par la famille, de branches de coraux.

Les noirs qui composaient l’équipage de la baleinière n’auraient pas mieux demandé que de faire chavirer l’embarcation et de noyer Bunster par accident.

Malheureusement Bunster avait l’œil, et, le revolver au poing, veillait à ce que la baleinière ne chavirât pas. |

Maouki, lui aussi, attendait une occasion propice, bien décidé à tuer l’Allemand, dût-il lui en coûter la vie.

Et l’Allemand n’ignorait pas qu’il devait se défier de Maouki plus que de toute la population de l’île réunie.

Mais, avec une joie sadique, Bunster se plaisait, pour cela même, à infliger à Maouki toutes les brimades et toutes les tortures qui étaient en son pouvoir.

Tous les autres blancs qu’il avait connus avaient respecté les fameux tambos de Maouki.

Il n’en allait pas de même avec Bunster.

Deux bâtons de tabac étaient, chaque semaine, alloués à Maouki.

Bunster les remettait à sa femme et c’était elle qui devait les lui transmettre. Voilà qui ne pouvait être et Maouki préférait se passer de tabac.