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Le jour même de son arrivée, il reçut l’ordre d’aller acheter une poule au grand chef de Lord-Howe.

Mais le grand chef ne possédait, pour le quart d’heure, que des poulets étiques, qui n’étaient vraiment pas présentables.

Maouki s’en revint donc les mains vides et grimpa allégrement l’escalier qui conduisait au logis de Bunster (la maison était bâtie sur pilotis, à quatre mètres au-dessus du sable), afin de faire son rapport.

Bunster, sans le laisser parler, demanda le poulet.

Maouki voulut s’expliquer. Mais Bunster se souciait peu d’explications et frappa du poing.

Maouki reçut le coup sur la bouche et le heurt fut, si violent qu’il en fut soulevé en Flair, projeté à travers la porte de la véranda et, brisant la balustrade dont celle-ci était entourée, s’en alla choir sur le sable.

Il se releva à grand-peine, avec les lèvres ensanglantées et, dans la bouche, une collection de dents cassées.

« Cela t’apprendra », lui hurla de son perchoir le demi-fou, pourpre de rage, à obéir désormais aux ordres reçus. »

Épouvanté, Maouki se fit petit, petit, et résolut de ne jamais offenser la brute qui le tenait en son pouvoir.

Chaque jour, quelque noir recevait, pour une vétille, une formidable raclée, ou était mis aux fers, trois jours durant, sans nourriture.