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Le mal du pays ne faisait, au contraire, que croître en lui. Il réitéra son essai d’évasion et la tentative avorta dans l’œuf.

Son cas fut porté devant Mr Haveby, gérant pour les îles de la Moongleam-Soap-Company, et il fut jugé incorrigible.

Or les incorrigibles étaient expédiés, par la compagnie, aux îles Santa-Cruz, où elle avait également des plantations et qui sont distantes de plusieurs centaines de kilomètres des îles Salomon.

Maouki fut embarqué pour cette destination.

Mais, tandis que la goélette faisait escale en vue de Santa-Anna, il se jeta à l’eau pendant la nuit, gagna la terre, vola deux fusils et une caisse de tabac à l’un des colons installés dans l’île, mit la main sur une pirogue et pagaya vers San-Cristoval, situé à soixante-dix kilomètres seulement de Malaïta.

Sa déveine voulut qu’une bourrasque du Nord se déchaînât durant la traversée et le repoussât à Santa-Anna, où le colon victime de son vol le mit aux fers et le garda jusqu’au retour de la goélette.

Pirogue et fusils furent restitués, sans plus, à leur légitime propriétaire. Mais la caisse de tabac, où il avait quelque peu picoré, fut portée au compte de Maouki, au taux d’une année de supplément de travail.

Soit, au total, six années dues par lui à la compagnie.

Il fut ramené en Nouvelle-Géorgie, non sans un nouveau plongeon dans la mer, qu’il esquissa en cours de route et qui lui valut six mois de rabiot.