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qui habitent l’intérieur de l’île, ont pour la mer une répulsion invincible, ne savent même pas nager et sont les ennemis nés des hommes d’eau salée.

Les villages des broussards sont dispersés dans l’épaisseur de la jungle, sur la partie haute de Malaïta, et la fumée qui s’en élève, dans le calme du matin, annonce seule qu’il y a là des hommes.

Les blancs ne se risquent jamais chez les broussards.

Ceux qui l’ont osé, lorsqu’ils cherchaient l’or à Malaïta, ont, derrière eux, laissé leurs têtes coupées, pendues, grimaçantes, aux poutres enfumées des huttes.

Maouki devint l’esclave du vieux Fanfoa, qui était chef d’une vingtaine de villages.

Et, dès lors, il ne vit plus la mer que de loin, à travers les déchirures de la jungle et des forêts vierges, ou du faîte des rocs nus des pics.

Lorsque Maouki atteignit dix-sept ans, un grand malheur advint à Fanfoa.

Le tabac manqua complètement au vieux chef.

Les temps étaient durs et la faute en incombait à Fanfoa et à ses broussards, qui avaient commis une dangereuse erreur.

Le seul petit havre où les broussards se risquaient parfois à descendre était Suo.

Si étroite était cette baie, encerclée de palétuviers qui faisaient pendre leurs rameaux sur l’eau profonde, qu’une goélette n’y pouvait virer sur ses ancres.

Sans penser à mal, deux hommes blancs, montés