« Quelle… seconde fois ? interrogea Bertie, en frissonnant.
— La seconde fois, pardieu ! que le coquin essaye de nous empoisonner. Il faudra, sans tarder, lui casser la tête.
— C’est de cette façon, commenta Brown, qu’au Cap Marah le comptable de la Compagnie a trouvé la mort dans des souffrances indicibles. On l’entendait hurler, m’a-t-on assuré, à cinq kilomètres à la ronde.
— Je vais toujours, décida Harriwell, faire mettre aux fers le cuisinier. Nous avons heureusement découvert à temps le pot aux roses. »
Bertie demeurait assis, totalement paralysé. Sa figure décolorée était semblable à une cire. Il essaya de parler. Mais rien ne sortit de son gosier qu’un grouillement incompréhensible.
« Et vous en avez mangé ! » beugla Brown, d’une voix tonnante.
Au bout d’une demi-minute d’attente, Bertie Arkwright retrouva soudain l’usage de la parole, comme un plongeur qui sort de l’eau et reprend son souffle.
« Évidemment, j’en ai mangé ! s’écria-t-il. Vous l’avez vu aussi bien que moi. »
— L’affreux silence recommença, tandis que Bertie lisait son destin dans les yeux de ses deux compagnons.
« Il se peut, après tout, que je me trompe… murmura Harriwell. Ne nous désolons pas avant d’être fixés. »
Brown alla vers la porte et appela rudement le cuisinier.