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qui se jouait avec Bertie Arkwright, il ne se fit point prier pour reconnaître qu’il avait, au cours de son existence, mangé nombre de ses semblables.

Combien ? Il ne s’en souvenait pas. Mais il y avait eu, dans la quantité, des noirs et des blancs. Les blancs étaient très bons. Ils avaient la chair beaucoup plus fine.

Il avait gardé seulement un mauvais souvenir d’un certain blanc qui était malade quand il l’avait mangé.

« Ma parole ! s’écria-t-il. Moi beaucoup malade aussi, par la suite, et mon ventre avoir, pendant plusieurs jours, dansé la gigue. »

Tout frémissant d’horreur, Bertie eut le courage, cependant, d’entreprendre son interlocuteur sur le chapitre des têtes coupées.

Oui, Soumasaï en possédait plusieurs, en bon état de conservation, qui étaient cachées dans la terre. Elles avaient été, dans les règles, séchées au soleil et fumées.

L’une d’elles, avec ses longues moustaches, était celle d’un capitaine de goélette. Il la vendrait pour deux livres, s’il trouvait amateur. La donner à moins était impossible.

« Mais il céderait les têtes de noirs pour une seule livre. Il avait aussi quelques têtes d’enfants, en assez mauvais état, dont il se déferait pour dix shillings.

Un quart d’heure après, comme Bertie Arkwright était assis, mélancolique, sur le panneau d’une écoutille en songeant à toutes ces choses sinistres, un nègre vint avec un sans-gêne éton-