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Non pas évidemment qu’il eût l’intention de s’y établir pour la vie. Mais un séjour de quatre à cinq semaines, entre deux vapeurs, satisferait l’appel de vie primitive dont il sentait, assurait-il, le martèlement impérieux sur les fibres intimes de son être.

Telles étaient du moins, en son langage entortillé, les explications qu’il se plaisait à donner entre deux sourires aux belles passagères embarquées comme lui sur le Makambo, courrier de Sydney.

Ces aimables et piaillardes perruches, qui s’en venaient en touristes fouler le sol de l’Australie, faisaient cercle autour de lui quand il parlait, et toutes étaient plus ou moins amoureuses de sa gracieuse personne.

Songez donc, ma chère ! Faire escale ; cinq semaines durant, à ces terribilissimes îles Salomon, sur lesquelles courent, de par le monde, tant de récits d’aventures affreuses !

Et, quelle que fût leur admiration pour cet explorateur intrépide, pas une d’elles n’aurait, pour l’accompagner, quitté, fût-ce une heure, le pont sans péril du Makambo.

Il y avait à bord un autre personnage, auquel ces dames ne prêtaient, en revanche, aucune attention.

C’était un petit bout d’homme, un gnome tout ratatiné, dont la peau flétrie avait la couleur de l’acajou. Sur le livre du bord, il était inscrit sous le nom de capitaine Malou.

Et ce nom était bien connu de tous les indigènes des îles océaniennes. Ils ne le prononçaient