Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée

ou coupure, voire par les simples pores de la peau, engendrant des ulcères purulents et fétides, et que plus d’un homme solide, s’il n’y a pas laissé ses os, est rentré chez lui à l’état d’épave.

Non moins exact est-il que les indigènes des Salomon constituent une bande de sauvages comme il s’en trouve peu sur la terre, qu’ils sont doués, pour la chair humaine, d’un joyeux appétit et qu’ils ont la manie, non moins invétérée, de collectionner les têtes de leurs semblables.

Leur plus haut instinct sportif consiste à surprendre quelqu’un au moment où il a le dos tourné, et à lui briser la colonne vertébrale, à la base du crâne, d’un coup habile de tomahawk.

Je ne nierai pas davantage qu’en certaines de ces îles, à Malaïta, par exemple, les honneurs sociaux vont de pair avec le plus grand nombre de meurtres accomplis, que les têtes humaines servent couramment de monnaie d’échange et que celles des blancs ont une valeur supérieure à celles des autres.

Tellement que des villages entiers se réunissent parfois, au nombre d’une douzaine, pour instaurer des souscriptions dont le montant, qui s’amplifie de lune en lune, ira au guerrier assez heureux pour pouvoir présenter, au gardien de la cagnotte, une tête de blanc.

Tous ces faits sont parfaitement véridiques. Mais il existe, cependant, de pires pays au monde, et j’ai connu des blancs qui, après avoir vécu vingt ans aux îles Salomon, sentaient leur cœur s’attrister en les quittant.