Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/108

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Non sans une dernière sottise de cet imbécile de Saxtorph. Comme je lui ordonnais de hisser l’ancre pour nous démarrer, il fila, au contraire, l’ancre de secours que par un double travail il fallut ensuite remonter.

« Je lui pardonnai, toutefois, car il avait, aux gens de Malou, solidement inculqué la crainte du blanc. »

Roberts sifflota longuement son approbation.

« Quant à moi, ajouta le capitaine Woodward, en cours de route pour Sydney, je me payai une fièvre cérébrale carabinée.

— Ce n’est pas surprenant, confirma Roberts. Mais, depuis, qu’est devenu Saxtorph ?

— Il s’adonna à la chasse aux phoques dans les mers du Nord et y devint un as. Six ans durant, on ne parla que de lui avec admiration, aussi bien parmi les flottilles de Melbourne que parmi celles de San-Francisco.

« La septième année, la goélette qu’il montait fut saisie dans la Mer de Behring par un croiseur russe, Comme opérant illégalement dans les eaux littorales du territoire sibérien.

« Tout l’équipage fut fait prisonnier, dit-on, et jeté dans les mines de sel souterraines du Kamtchatka. Toujours est-il que, de Saxtorph, je n’ai plus jamais entendu patler.

— Fermiers du monde… murmura Roberts. Fermiers du monde ! Buvons un coup à leur santé. Il faut bien que quelqu’un joue ce rôle ici-bas, »

Le capitaine Woodward frotta, en guise de con-