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gissait d’une écoutille, le fusil claquait et le corps tombait. On eût dit un tir aux pigeons.

« Saxtorph attendit encore quelques minutes, puis descendit de son perchoir et vint me rejoindre. Lui et moi étions les seuls survivants de l’équipage de la Duchesse.

« J’étais physiquement en piteux état et Saxtorph, n’ayant plus à tirer, ne savait que faire de ses mains.

« Je lui expliquai qu’il était nécessaire, tout d’abord, de me laver le cuir chevelu avec de l’eau oxygénée, qu’il mit un temps invraisemblable à quérir dans la boîte à pharmacie, puis de me bander la tête.

« Il opérait si maladroitement que je m’évanouis à nouveau. Quand je repris mes sens, je bus un bon coup de whisky, qui me ravigota.

« Étendu à l’ombre et chassant les mouches qui s’acharnaient sur moi, je vis Saxtorph qui était assis sur la lisse, Il paraissait fort embêté et attendait mes ordres.

« Que faire ?, Je me le demandais moi-même. Je ne pouvais, flanqué de ce butor, songer à hisser les voiles et à remettre en marche la goélette.

« Parmi les morts qui jonchaient le pont, je commandai à Saxtorph d’examiner les blessés et de trier, parmi eux, ceux qui pouvaient être utilisés.

« Il en ramassa six en tout, les uns avec une jambe brisée, les autres avec un bras cassé, et pareillement incapables de rendre le moindre service.