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« Le couperet se leva, mais ne s’abattit point. Ce fut le noir qui s’écroula soudain sur le pont, comme une masse, tandis que le sang lui jaillissait de la bouche.

« Une détonation venait de retentir, bientôt suivie de plusieurs autres. Et, comme des quilles, les noirs s’abattaient les uns après les autres. Pas un coup ne ratait. Pif ! Un noir tombait, Paf ! Un autre suivait.

« Je m’assis sur le pont et regardai en l’air d’où provenaient les coups. Et je découvris Saxtorph, perché sur la hune du mât d’artimon.

« Comment s’était-il hissé à cette hauteur avec deux Winchesters et je ne sais combien de bandes de cartouches ? C’était à ne pas croire. Mais le certain est qu’il s’y trouvait et qu’il opérait.

« Tirer, voilà tout ce qu’il savait sur cette terre. Et il tirait !

« Il m’avait été donné déjà, dans ma vie, d’assister à des tirs meurtriers. Mais le numéro était sensationnel, J’en demeurais ahuri et, faible comme je l’étais, je me croyais être le jouet d’un rêve.

« Quand une douzaine de noirs eurent été ainsi démolis, le reliquat sembla paralysé. Personne ne bougea plus. Aucun n’osait faire un pas, ni en avant, ni en arrière !

« Nous n’étions pas au bout.

« Voici que, du rivage, je vois les deux canots capturés se diriger vers la goélette. Ils étaient déchargés de ceux qui les montaient, leurs cadavres ayant été jetés par-dessus bord.

« Ils étaient occupés maintenant par des têtes