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Et, avant que j’eusse pu en demander davantage, Lon Mac Fane, j’en donne ma parole, dormait déjà.

Le lendemain matin, après avoir rapidement expédié le petit déjeuner, donné leur pitance aux chiens et rechargé le traîneau, nous reprîmes la piste. Nous fîmes nos adieux à la femme qui, debout dans l’encadrement de la porte, nous regarda démarrer, puis nous éloigner.

Je partis, emportant sous mes paupières la vision troublante de sa beauté. Dès que je fermais les yeux, je croyais la revoir encore. Et je ne m’en faisais point faute.

Vingt fois au moins, je fus sur le point d’interpeller Lon Mac Fane, pour lui demander :

— Puisque Dave est mort, pourquoi as-tu dit à cette femme que tu t’attendais à le rencontrer dans la cabane ?

Je me tus, cependant. Je préférais attendre, pour parler, que nous fissions halte, vers midi. Mais, à midi, nous poursuivîmes notre chemin sans nous arrêter.

En continuant à marcher, m’expliqua Lon, nous avions une chance d’atteindre, avant la nuit, un campement de chasseurs d’élans, qui devait se trouver sur un affluent du Telee.

Il n’en fut rien. Car Bright, notre chien de flèche, tomba et se démit l’omoplate. Nous perdîmes une heure à le soigner, avant de nous décider, finalement, à l’abattre.

Puis, en traversant le lit gelé du Telee, le traîneau buta dans des souches d’arbres, prises dans la glace. Il se renversa, et nous dûmes camper, afin de réparer un des patins, que le choc avait endommagé.

Je fis cuire le souper, fondre de la glace pour le café, et donnai aux chiens leur pâtée, tandis que Lon travaillait au patin. Après quoi, nous réunîmes une provision de branches mortes, pour le feu de la nuit,