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comme Spot escaladait une petite colline voisine, le major Dinwiddie, qui courait aussi après lui, déchargea dans le paysage sa carabine Winchester. À deux reprises, il vida son magasin, et Spot ne fut point touché. Sur ces entrefaites, apparut un policeman.

Il mit la main au collet du major, pour avoir, contrairement aux règlements, tiré des coups de feu dans l’enceinte de Dawson, dont faisait partie la colline. Le major paya son amende. Stephen et moi, nous remboursâmes la viande, sur le pied d’un dollar la livre, y compris les os et les déchets. Parfaitement ! La viande était hors de prix à Dawson, cette année-là.

Je ne vous dis rien que je n’aie pu constater de mes propres yeux. Et je vais vous conter quelque chose. J’ai vu ce Spot tomber dans un trou d’eau, sous la glace du Yukon. La glace était épaisse d’un demi-pied et le courant le suça par en dessous, comme une paille.

Trois cents mètres plus loin, se trouvait un autre grand trou, qui servait, à l’hôpital, à puiser son eau. Spot reparut par ce second trou, se secoua et se lécha, mordit et brisa la glace qui commençait, déjà, à se former entre les doigts de ses pattes, et remonta sur la berge, en trottinant. Là, il tomba sur un gros terre-neuve, qui appartenait au Commissaire de l’Or, et lui flanqua une solide peignée.

À l’automne de 1898, Stephen Mackaye et moi, nous remontâmes le Yukon à la gaffe, avant qu’il fût pris par le gel, en nous dirigeant vers la rivière du Stewart.

Nous emmenions nos chiens avec nous, sauf ce Spot, bien entendu. Nous estimions l’avoir nourri pour rien, depuis assez longtemps déjà.

Quand je dis nourrir pour rien, c’est une façon de parler. Tous les bénéfices que nous avions tirés, naguère, de ses ventes successives avaient disparu, et au-delà, tant pour son entretien qu’en amendes diverses, qu’il