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Willis arrivaient. Il y avait gros à parier que le second vapeur leur brûlerait la politesse.

Il en fut ainsi. Les premiers de la caravane qui parvinrent à l’eau libre apprirent des hommes du poste de police qui se trouvaient là que le Flora, après plus de trois jours d’attente inutile, avait levé l’ancre depuis quelques heures. On leur apprit également que le vapeur devait faire escale, plus haut en amont, au poste de Tagish, et qu’il y demeurerait jusqu’au lendemain, neuf heures du matin.

Le désappointement fut général et la caravane en panne tint conseil. Il était quatre heures du soir.

Le poste de police possédait, pour son service, une grande pirogue, aux formes effilées, faite pour la course. Le chef du poste, à la condition expresse qu’ils en répondraient et la remettraient au poste du lac Bennet, consentit à la prêter à deux hommes de bonne volonté, qui se lanceraient avec elle à la poursuite de la Flora.

Une vingtaine de volontaires se présentèrent spontanément. Fred Churchill, toujours prêt à rendre service à ses semblables, était du nombre. Mais tout à coup, il songea au sac de Louis Bondell et regretta de s’être proposé. Intérieurement, il fit des vœux pour n’être point choisi.

Mais un gaillard qui s’était rendu fameux comme chef d’une équipe de football et comme président d’un club d’athlètes, qui passait pour un conducteur de chiens émérite et pour un des plus habiles prospecteurs du Klondike, n’avait, avec ses robustes épaules, aucune chance d’échapper à pareil honneur.

Il fut désigné par acclamation, en même temps qu’un géant allemand nommé Nick Antonsen.

Tandis qu’un groupe de passagers chargeait la pirogue sur leurs épaules et la portait vivement vers le fleuve, Fred Churchill confiait aux bons soins de son ex-voisin de cabine son sac de vêtements, bien ficelé,