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vain de les ramasser, elles grésillèrent et s’éteignirent

Il se remit à courir, mais à présent, il avait une peur terrible. Ses pieds étaient complètement insensibles. Il buta une fois sur un tronc enfoui dans la neige, cela le fit tomber dans la neige, lui meurtrit le dos, mais ne lui causa aucune autre impression.

Ses doigts étaient inutilisables et ses poignets commençaient à s’engourdir. Son nez et ses joues étaient en train de geler, mais cela ne comptait pas. C’étaient ses pieds et ses mains qui devaient le sauver, s’il pouvait l’être.

Il se rappelait ce qu’on lui avait raconté au sujet d’un camp de chasseurs d’élans quelque part au-dessus des fourches de Paul Creek. Il ne devait pas en être loin, se disait-il, et s’il était capable de le découvrir, il pourrait y trouver de l’aide. Il y arriva cinq minutes plus tard. Il était abandonné et désert, de la neige s’était accumulée dans l’abri en branches de sapin sous lequel les chasseurs avaient dormi. Il s’effondra, en sanglotant. Tout était fini. Dans une heure, tout au plus, avec cette température terrifiante, il ne serait plus qu’un cadavre.

Mais en lui l’amour de la vie était tenace. Il se releva. Il pensait vite. Et si les allumettes lui brûlaient les mains ? Des mains brûlées valent mieux que des mains mortes. Pas de mains du tout, c’était encore mieux que la mort. Il longea la piste jusqu’au moment où il arriva à un autre dépôt laissé par les eaux en crue. Il y avait des branchages, des feuilles, des herbes, le tout bien sec et attendant qu’on y mette le feu.

De nouveau, il s’assit, et répandit sur ses genoux le paquet d’allumettes, les logea sur la paume de sa main, avec le poignet de l’autre main pressa de nouveau les doigts privés de sensibilité sur le paquet et avec ce même poignet les y maintint. À la seconde tentative de grattage le paquet prit feu et il sut que