Page:London - Constuire un feu, nouvelles, trad Postif et Gruyer, 1977.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’eau, puis une mince couche de glace, puis encore quinze centimètres d’eau et une nouvelle couche de glace. Et sur cette dernière couche, se trouvaient environ deux à trois centimètres de neige fraîche compléter le piège.

Aux yeux de Tom Vincent la surface intacte de neige ne comportait aucun avertissement du danger qui le guettait. Comme la croûte était plus épaisse sur les bords, il était très avancé en direction du centre quand il passa au travers.

En soi c’était une mésaventure insignifiante — un homme ne se noie pas dans cinquante centimètre d’eau, mais, pour ce qui était de ses conséquences c’était un incident aussi sérieux que tout autre susceptible de lui arriver.

Au moment même où il passait à travers la glace il sentit le contact de l’eau froide sur ses pieds et se chevilles, et en une demi-douzaine de grande enjambées il avait gagné la rive. Il était tout à fait calme et de sang-froid. La chose à faire, la seule, c’était de construire un feu. Car il y avait un autre précepte du nord qui est ainsi conçu : Voyage avec des socques humides jusqu’à vingt degrés au-dessous de zéro ensuite, construis un feu. Et il faisait trois fois plus froid, il le savait.

Il savait, en outre, qu’il devait procéder avec le plus grand soin ; s’il ne réussissait pas à la première tentative, les risques d’échec à la seconde étaient plus élevés. Bref, il savait qu’il ne devait pas échouer. Un moment auparavant c’était un homme vigoureux débordant de joie, fier de sa maîtrise des éléments et il était à présent en train de défendre son existence contre ces mêmes éléments — telle était la différence résultant de l’introduction d’un quart de litre d’eau dans les prévisions d’un voyageur du nord.

Sur le bord du cours d’eau, dans un bouquet de