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— Mais, comment pourrai-je vérifier l’efficacité de ton remède ?

— C’est très facile. Tout d’abord, tu me laisseras aller dans les bois…

De nouveau Yakaga murmura quelques paroles à l’oreille de Makamuk qui parut se reprendre à hésiter.

— Tu peux, continua Subienkow, envoyer vingt de tes hommes, pour me surveiller. Il est indispensable, tu le comprends, que je me procure les baies et les racines qui entrent dans la composition de mon remède. Cela fait, après que tu m’auras amené les deux traîneaux, que tu auras commandé de charger dessus les poissons, les peaux de castor et mon fusil, et quand tu auras donné tes ordres aux six chasseurs qui doivent m’accompagner, alors, lorsque tout sera prêt, je me frotterai le cou avec mon remède, comme ceci, et je me poserai sur cette bûche, qui est là. Le plus vigoureux de tes sujets pourra prendre sa hache et l’abattre trois fois sur mon cou. Toi-même, si tu le préfères, tu frapperas.

Makamuk demeurait bouche bée. Buvant cette dernière et merveilleuse magie des voleurs de fourrures.

— Il est entendu toutefois, rectifia le Polonais, qu’entre chaque coup il me sera permis de procéder à une nouvelle application du remède. Les haches sont lourdes et tranchantes, et il ne faut pas que, sur ce point, il y ait malentendu.

— Tout ce que tu demandes te sera accordé ! cria Makamuk, trop heureux de souscrire. Commence, dès à présent, à préparer ton remède.

Subienkow dissimula la joie qui s’exaltait en lui. Il jouait une partie désespérée et qu’une imprudence pouvait perdre. Il se fit donc arrogant et proclama :

— Tu as abusé de ma patience. J’en suis offusqué,