— Alors, dit-il, il faut en conclure que j’ai envers toi une dette que je suis incapable de te payer en ce monde ?
Porportuk fit un signe d’assentiment.
— Tu es donc un bien pauvre homme d’affaires, insinua Klakee-Nah, d’un air narquois. Comment t’es-tu laissé prendre ainsi ?
Mais Porportuk ne se laissa pas démonter.
— Je ne suis pas aussi sot. Tu as oublié, Klakee-Nah, un autre bien que tu possèdes et qui est demeuré intact.
— Pas possible ! Et quel est ce bien ? Dis-le moi vite, et il t’appartient. Avec lui je liquide ma dette !
— C’est celui-ci !
Et Porportuk, du regard, désigna El-Sou.
Abasourdi, Klakee-Nah paraissait ne pas comprendre. Il se frotta les yeux, pour mieux voir. Et Porportuk répéta :
— Oui, ta fille, El-Sou. C’est elle que je prendrai et ta dette sera payée. Ici même, je brûlerai ma note à cette bougie.
La vaste poitrine de Klakee-Nah commença à se dilater. Il s’esclaffa d’un rire homérique :
— Ho ! Ho ! Ho ! C’est une plaisanterie !… Ho ! Ho ! Ho ! Tu veux l’emmener dans ta maison sans feu, en ton lit glacé ! Tu oublies tes filles… Elles sont d’âge à être, chacune d’elles, la mère d’El-Sou. Ho ! Ho ! Ho !
Un étouffement le prit, de rire ainsi, et on crut qu’il allait trépasser. Mais ses esclaves lui tapotaient à force le dos et il se remit à pousser des Ho ! Ho ! Ho ! frénétiques, jusqu’à une nouvelle quinte de toux.
Porportuk la laissa passer patiemment, buvant dans son verre, à petites gorgées, et promenant son regard d’un convive à l’autre, le long de la table.
— Je ne plaisante pas, déclara-t-il enfin. Je pense comme j’ai parlé.
Klakee-Nah parut reprendre son air sérieux. Il fixa