Page:London - Constuire un feu, nouvelles, trad Postif et Gruyer, 1977.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Subienkow eut un rire sardonique.

— Parfait ! Et tu me feras esclave, dans ta maison, jusqu’à ma mort ? Le rire du Polonais devint plus railleur.

— Tout d’abord, si tu veux que nous causions, délie mes mains et mes pieds.

Le chef fit un signe.

Lorsque Subienkow fut désentravé, il se remit debout et prit, dans une de ses poches, du tabac qu’il roula. Puis alluma sa cigarette.

— Tu railles ! reprit Makamuk. Un tel remède n’existe pas. À un bon tranchant rien ne peut résister.

Makamuk était incrédule et demeurait pourtant indécis. Il avait vu se réaliser tant de sorcelleries des voleurs de fourrures que, tout en doutant, il ne doutait pas complètement.

— Je te donnerai la vie et ne ferai pas de toi mon esclave, déclara-t-il.

— Il me faut mieux encore.

Subienkow jouait son rôle aussi froidement, en apparence, que s’il eût marchandé une peau de renard.

— C’est, je le répète, un remède vraiment surprenant. Bien des fois, je lui ai dû la vie. Je veux un traîneau et des chiens, et six de tes meilleurs chasseurs, pour remonter le fleuve avec moi et me mettre en toute sécurité, à un « sommeil » de l’endroit où nous sommes.

— Je refuse cela, répondit le chef. Tu dois demeurer ici, afin de nous enseigner toutes les sorcelleries que tu connais.

Subienkow haussa les épaules et se tut. Il lançait dans l’air glacial la fumée de sa cigarette, tout en regardant curieusement le gros Cosaque.

— Qu’est cette cicatrice ? dit soudain Makamuk, en désignant le cou du Polonais, où une marque blanchâtre révélait l’entaille d’un couteau. Entaille