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Souvent, il avait vu transporter à de longues distances, et ramener à leur port d’attache, des cadavres aussi précieux, comme s’ils avaient voulu encore quelque chose. Il résolut donc de ramener Dave à Forty-Mile où les autorités feraient de lui ce qu’elles voudraient.

« Il commença par mettre Dave dans une grande fosse, qu’il recouvrit ensuite de neige et de glace. Dave, dans ce frigo naturel, aurait pu se conserver intact durant des milliers d’années.

Puis l’Indien s’en retourna à la cabane du lac Surprise, en rapporta une scie à main, et entreprit de confectionner, avec des planches qu’il débita, une grande boîte. Cela fait, il attendit le dégel et se mit à chasser l’élan. Il tua dix mille livres de viande, qu’il plaça également en réserve, dans la glace.

« Vint le dégel. Le cours du Telee étant redevenu libre, l’Indien construit un radeau, y charge sa viande, la boîte de sapin avec Dave dedans le traîneau et les chiens, et descend la rivière vers le Yukon.

« Tant bien que mal, il arriva au confluent de Telee et du Yukon, et, comme le Golden-Rocket était annoncé, il pensa que le vapeur serait un mode de transport plus rapide que son radeau. Sans rien expliquer à personne, il y embarqua donc la boîte et les chiens.

« Cela dit, revenons au mariage qui est en train de se célébrer sur le pont du Golden-Rocket, où Braise d’Or épouse son comte russe près du mât de misaine, à l’ombre de la grande boîte de sapin qui domine la montagne des bagages et des colis.

« Quant au chien husky couché près de la boîte, et que j’avais bien cru reconnaître, rien d’étonnant à cela, puisque c’était Pee-lat, le chien de flèche de l’attelage de Dave Walsh, un terrible batailleur qu’il aimait par-dessus tout.