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BELLIOU-LA-FUMÉE

Viens-tu prendre un verre ? Je veux fêter ces dix-huit livres de sucre. »

Plusieurs minutes après, comme il pesait de la poudre d’or pour payer les consommations, il se frappa le front.

« J’avais complètement oublié le type que je dois rencontrer au Tivoli. Il a du lard avarié qu’il liquiderait à un dollar et demi la livre. Nous pourrons nourrir les chiens avec, et économiser un dollar par jour sur la note d’entretien de chacun. À tout à l’heure !

— À tout à l’heure ! répondit la Fumée. Je rentre à la cabane me coucher. »

À peine le Courtaud venait-il de partir qu’un homme vêtu de fourrures franchit la double porte capitonnée, et son visage s’éclaira lorsqu’il aperçut la Fumée. Celui-ci reconnut Breck, dont il avait piloté le bateau à travers les rapides.

« J’ai entendu dire que vous étiez en ville, dit rapidement Breck en lui serrant la main. Il y a une demi-heure que je vous cherche. Sortez avec moi, j’ai à vous parler. »

La Fumée regarda avec regret le poêle rouge et ronflant.

« Pourquoi pas ici ?

— Non, c’est une affaire importante. Sortons un instant. »

Sitôt dehors, la Fumée ôta une de ses moufles, enflamma une allumette et regarda le thermomètre pendu près de la porte. Il se reganta vivement : le froid le brûlait. Au-dessus de leurs têtes une aurore boréale étageait ses arches flamboyantes, et dans la ville résonnaient les hurlements lugubres de milliers de chiens-loups.