sur le dos. Tu as tout racheté, mon garçon, quelque incroyable que cela paraisse. »
Kit accomplit l’aller et retour du dernier portage quatre fois par jour, c’est-à-dire qu’il couvrit quarante kilomètres en terrain montagneux, dont vingt kilomètres sous une charge de cent cinquante livres. Il était fier, endurci et fatigué, mais en superbe état physique. Il mangeait et dormait, comme jamais il n’avait fait de sa vie, et, la fin de ses labeurs étant en vue, il en était presque fâché.
Un problème le taquinait. L’expérience lui avait appris qu’il pouvait tomber avec cent livres sur le dos sans se tuer ; mais il était convaincu que s’il faisait une chute avec ces cinquante livres de supplément sur la nuque, il se casserait le cou.
Chaque piste à travers les marécages était promptement barattée et transformée en fondrière par des milliers de pieds, de sorte qu’à tout instant les portefaix devaient en tracer de nouvelles. C’est en frayant un de ces sentiers frais que Kit résolut le problème des cinquante livres extra.
La surface molle et grasse du terrain se déroba sous lui : agitant les bras, il s’abattit en avant. Les cinquante livres lui écrasèrent la figure dans la boue et glissèrent plus loin sans lui avoir rompu le cou. Malgré les cent livres qui lui restaient sur le dos, il se souleva sur les mains et les genoux. Mais c’est tout ce qu’il put faire. Un de ses bras s’enlisa jusqu’à l’épaule, et sa joue vint s’appuyer sur l’oreiller de vase. Quand il retira ce bras-là, ce fut l’autre qui plongea jusqu’au bout. Il lui était impossible, dans cette situation, de se glisser hors des courroies, et les cent livres de charge l’empêchaient de se relever. S’appuyant alternativement sur les mains et les ge-