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BELLIOU-LA-FUMÉE

pins rabougris. Pour transporter jusque-là son lourd équipement, il aurait fallu à Kit plusieurs jours de fatigue. Or sur le lac se trouvait un bateau de toile destiné au transbordement, qui, en deux voyages et en deux heures, pouvait le déposer de l’autre côté, lui et son bagage. Mais Kit n’avait pas le sou, et le batelier demandait quarante dollars.

« Vous avez une mine d’or dans ce joujou de bateau, l’ami, dit-il au passeur. Voulez-vous que je vous en indique une autre ?

— Dites, fut la réponse.

— Je vous la vends pour le prix du passage de mon équipement. C’est une idée, non brevetée, et vous pouvez sauter sur l’affaire dès que vous la connaîtrez. Risquez-vous le paquet ? »

Le batelier répondit affirmativement et sa tête plaisait à Kit.

« Très bien. Vous voyez ce glacier ? Prenez une pioche et mettez-vous à l’ouvrage. En un jour vous aurez creusé un sentier suffisant du haut en bas. Vous voyez le coup ? « Société anonyme de la chute du Chilcoot et du lac Cratère. » Vous pouvez demander cinquante cents par cent livres, et faire glisser cent tonnes par jour, sans autre peine que de ramasser la galette. »

Deux heures après, Kit était sur l’autre bord du lac, et il avait gagné trois jours pour son compte. Quand Jean Belliou le rattrapa, il était déjà loin sur la route du lac Profond, autre cratère éteint rempli d’une eau glacée.