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BELLIOU-LA-FUMÉE

j’avais seize ans, je jonglais avec des machines comme ça.

— Vous oubliez, digne avunculaire, répliqua Kit, que je n’ai pas été nourri de viande d’ours.

— Et à soixante ans, je jonglerai encore avec.

— Il faut me montrer comment vous faites. »

Jean Belliou le lui montra. Il avait quarante-huit ans. Il se pencha sur le sac de farine ; par une prise d’essai, il lui imprima un déplacement de biais pour le mettre en équilibre, puis, dans un effort rapide, il se redressa en le faisant sauter sur son épaule.

« C’est un truc à attraper, mon garçon : il faut avoir le coup de main… et une colonne vertébrale. »

Kit souleva respectueusement son chapeau.

« Vous êtes un prodige, avunculaire, merveilleux, éblouissant. Pensez-vous que je puisse apprendre le tour de main ? »

Jean Belliou haussa les épaules.

« Tu reviendras sur tes pas avant que nous soyons en route.

— Pas de danger ! grogna Kit. Là-bas il y a O’Hara, le lion rugissant. Je ne retournerai pas à moins d’y être forcé. »

III

Le premier portage de Kit fut un succès. Ils avaient réussi à trouver des Indiens pour transporter leurs deux mille cinq cents livres d’équipement jusqu’au croisement de Finnegan. Mais, à partir de ce point, leurs propres dos devaient faire l’affaire. Ils établirent leur plan de marche à la vitesse d’un kilomètre