sur la vie dure qui m’a converti, dit Kit en prenant congé. Il fallait absolument que je m’en fusse quelque part, n’importe où, pour échapper à O’Hara.
— O’Hara, qui est-ce ? un Japonais ?
— Non, un Irlandais, meneur d’esclaves, et mon meilleur ami. Il est directeur, propriétaire et unique gros profiteur de La Vague. Il fait tout marcher au doigt et à l’œil ; même les ombres. »
Ce soir-là, Kit Belliou écrivit à O’Hara.
« Il ne s’agit que de quelques semaines de vacances, expliquait-il. Il vous faudra trouver un volatile quelconque pour pondre ce feuilleton. Je le regrette, ami cher, mais ma santé l’exige. Je mettrai les bouchées doubles en revenant. »
II
Kit Belliou débarqua sur la grève de Dyea au milieu d’un encombrement fantastique. Des milliers d’hommes y avaient entassé leurs équipements, dont chacun pesait des milliers de livres. Ces montagnes de bagages et de denrées, vomies par les vapeurs, commençaient à se déverser goutte à goutte dans la vallée de Dyea et à travers le Chilcoot.
Le transport, sur une distance de quarante-cinq kilomètres, ne pouvait être accompli qu’à dos d’homme. Les porteurs indiens avaient fait bondir le fret de huit à quarante cents par livre ; néanmoins ils étaient débordés de travail, et l’hiver s’abattrait certainement sur les crêtes montagneuses avant que la moitié des ballots eussent été transbordés du bon