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BELLIOU-LA-FUMÉE

Celui-ci retomba derrière elle, et le traîneau oscilla sous le choc, mais elle, bien calée sur les genoux, ne cessa pas de manœuvrer le fouet.

« Allez ! vous autres, courez ! kiss ! kiss ! »

Les chiens jappaient et gémissaient dans leur ardeur à dépasser le gros Olaf.

Quand le chien de tête atteignit l’arrière du traîneau de celui-ci, puis, mètre par mètre, arriva de front avec son rival, la foule massée sur la rive de Dawson devint folle d’enthousiasme. C’était une grande cohue, car sur toutes les rivières les mineurs avaient abandonné leurs outils pour venir voir le résultat, et une arrivée de pair après une course de cent soixante-seize kilomètres justifiait toutes les extravagances.

« Attention ! Quand vous serez en tête je descendrai ! » cria Joy par-dessus son épaule.

La Fumée essaya de protester.

« Et méfiez-vous de la courbe à moitié chemin du talus ! » ajouta-t-elle.

Écartés de deux mètres, les deux attelages galopaient de front. Du fouet et de la voix, le gros Olaf réussit à se maintenir encore une minute. Puis, lentement, presque insensiblement, le chien de tête de Joy commença à prendre les devants.

« Apprêtez-vous ! cria-t-elle à la Fumée. Je vais vous quitter. Prenez le fouet. »

Comme il avançait la main, ils entendirent le gros Olaf rugir un avertissement, mais trop tard. Son chien de tête, furieux d’être dépassé, obliquait pour attaquer les autres. Ses crocs se plantent dans le flanc du chien de tête de Joy. Les attelages rivaux se prennent à la gorge. Les traîneaux passent par-dessus les bêtes entrelacées et se renversent. La Fumée se remet sur