Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
BELLIOU-LA-FUMÉE

V

« Combien sont-ils en avant ? demanda la Fumée à la première étape, en quittant son attelage fatigué et en s’élançant sur le traîneau qui l’attendait.

— J’en ai compté onze », cria l’homme derrière lui, car il était déjà entraîné par ses chiens, au galop.

Les bêtes avaient vingt-quatre kilomètres à franchir jusqu’au prochain relais, à l’embouchure du Fleuve Blanc. Elles étaient neuf, et composaient son plus faible attelage. La distance de quarante kilomètres entre le Fleuve Blanc et le Sixty Mile avait été divisée en deux étapes à cause des glaçons empilés, et la Fumée avait réservé pour ce parcours difficile deux équipes plus résistantes.

Il était étendu de tout son long sur le traîneau, à plat ventre, se tenant des deux mains. Dès que les chiens faisaient mine de ralentir leur allure excessive, il se relevait sur les genoux, les excitait de ses cris, et, se cramponnant d’une main, lançait son fouet à tort et à travers. Si médiocre que fût l’attelage, il en dépassa deux autres avant d’atteindre le Fleuve Blanc. À cet endroit, lorsque le fleuve était pris, un entassement de glaçons avait formé digue et, sur huit cents mètres en aval, facilité le gel des eaux libres avec une surface unie. Cette particularité permettait aux coureurs de changer de traîneaux à la volée, et dans tout le parcours ils avaient disposé leurs relais au-dessous de digues de glace analogues.

Après avoir franchi la barrière de glaçons, la Fu-