« Fouille-le, Louis, et prends-lui ses armes », ordonna le barbu.
Louis obéit ; c’était, d’après l’opinion de la Fumée, un voyageur franco-canadien, ainsi que quatre des autres. L’opération n’aboutit qu’à la confiscation du couteau de chasse de la Fumée.
« Maintenant, étranger, qu’as-tu à dire pour ta défense avant que je te tue ? demanda l’homme à la barbe noire.
— J’ai à dire que tu fais erreur si tu crois que c’est moi qui ai tué cet homme », répondit la Fumée.
Un cri fut poussé par l’un des voyageurs. Il avait remonté la piste et trouvé les traces de la Fumée à l’endroit où il l’avait quittée pour se mettre à l’abri sur la rive. L’homme exposa sa découverte.
« Pourquoi as-tu tué Joe Kinade ? demanda l’homme à la barbe noire.
— Je répète que je ne l’ai pas t…,
— Bah ! à quoi bon causer ? Nous t’avons pris sur le fait. Voilà l’endroit où tu as quitté la piste en l’entendant venir. Tu t’es caché en embuscade parmi les arbres et tu as tiré dessus à courte distance. Tu ne pouvais guère le manquer. Pierre, va chercher le fusil qu’il a jeté.
— Tu pourrais me laisser expliquer ce qui est arrivé, objecta la Fumée.
— Tais-toi, grogna l’autre. Ton fusil nous racontera bien l’histoire. »
Tous se mirent à examiner le fusil de la Fumée, éjectant et comptant les cartouches, et inspectant le canon à la gueule et à la culasse.
« Un seul coup », conclut la barbe noire.
Pierre reniflait le canon avec des narines palpitantes comme celles d’un daim.