teur venu au lac Surprise, pensa la Fumée en ramassant un morceau d’or de la dimension de son poing fermé. À côté du lingot il trouva une boîte à poivre remplie de pépites grosses comme des noix, dont la surface brute ne montrait aucune trace de lavage.
La légende se vérifiait de point en point, et la Fumée n’eut pas le moindre doute que cet or provenait du fond du lac. Ce fond étant inaccessible, enfoui sous plusieurs pieds de glace, il ne pouvait rien faire. À midi, du bord du talus, il jeta vers sa découverte un regard d’adieu.
« C’est très bien, Seigneur Lac, dit-il. Je ne te demande que de rester où tu es. Je reviendrai te mettre à sec, si la fameuse sorcière ne m’attrape pas en route. Je ne sais pas comment je suis arrivé ici, mais je saurai par où j’en suis parti. »
III
Cependant, lorsque, quatre jours plus tard, il fit du feu dans une petite vallée, au bord d’un cours d’eau gelé, sous le couvert des sapins, il savait bien que le lac Surprise était quelque part dans le chaos blanc qu’il avait laissé derrière lui, mais il n’aurait pu dire où. Une centaine d’heures passées à errer et à lutter contre d’aveuglants tourbillons de neige lui avaient fait perdre le souvenir de la route qu’il avait suivie et même le sens de l’orientation. Il croyait émerger d’un cauchemar, incertain s’il y avait passé quatre jours ou une semaine entière. Après avoir péniblement franchi un nombre infini de crêtes se-