tion en annonces. J’irai lui en parler moi-même. »
Fidèle à sa parole, il dépêcha Kit chez le spécialiste.
« Vos yeux n’ont rien du tout, fut le verdict du médecin, après un examen prolongé. Et même vous les avez magnifiques, comme on n’en rencontre guère qu’une paire sur un million.
— N’en dites rien à O’Hara, supplia Kit, et donnez-moi des lunettes fumées. »
Le résultat de ce complot fut qu’O’Hara lui exprima sa sympathie et lui fit une séduisante description du temps où La Vague marcherait toute seule.
Kit Belliou avait de quoi vivre, heureusement pour lui. Si modeste que fût son revenu en comparaison de certains, il lui permettait de faire partie de plusieurs clubs et de louer un atelier dans le Quartier latin de San Francisco. En réalité, depuis qu’il était associé à la direction du journal, ses dépenses avaient prodigieusement diminué. Il n’avait pas le temps de gaspiller de l’argent. Il ne mettait plus les pieds à son atelier, il n’y invitait plus les bohèmes de la ville à ses fameux dîners sur réchauds. Néanmoins, il était toujours dans la dèche : La Vague, en détresse perpétuelle, absorbait ses fonds aussi bien que son cerveau. Périodiquement, les dessinateurs refusaient de dessiner, le imprimeurs d’imprimer et parfois même le garçon du bureau, faisant office de commissionnaire, refusait d’officier. En pareil cas, O’Hara regardait Kit, et Kit faisait le reste.
Lorsque le vapeur Excelsior, arrivant de l’Alaska, apporta la nouvelle de la ruée qui mit le pays sens dessus dessous, Kit hasarda une proposition absolument frivole.
« Écoutez, O’Hara, dit-il. Cette course à l’or va prendre des proportions. Ce sont les jours de 49 qui re-