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BELLIOU-LA-FUMÉE

les sujets les plus variés. Et ses travaux ne s’allégèrent pas. La Vague était ambitieuse. Elle se lança dans l’illustration ; c’était un procédé dispendieux. Elle ne rapportait jamais de quoi rémunérer Kit Belliou, d’où il découlait en bonne logique qu’elle ne pouvait se payer une augmentation de personnel.

« Voilà ce que c’est que d’être un bon type, grognait un jour Kit.

— Le ciel soit loué d’en produire de pareils ! s’écria O’Hara en lui secouant la main avec des larmes dans les yeux. Vous êtes ma planche de salut, Kit ! Sans vous j’étais flambé. Encore un peu de patience, mon vieux, et les choses iront mieux.

— Jamais ! gémit Kit. Mon destin me paraît clair. Je suis ici à perpétuité. »

À quelque temps de là, il crut avoir trouvé un moyen d’en sortir. Ayant épié l’occasion, en présence d’O’Hara il trébucha contre une chaise. L’instant d’après, il se heurta au coin de la table, et sa main tâtonnante renversa un pot de colle.

« Vous êtes rentré tard cette nuit ? » lui demanda O’Hara.

Kit se frotta les paupières et jeta des regards inquiets autour de lui avant de répondre.

« Non, non, ce n’est pas cela. Ce sont mes yeux. Il me semble qu’ils se rétractent du monde et me rentrent dans la tête, voilà tout. »

Pendant plusieurs jours, il continua à se cogner dans les meubles du bureau. Mais le cœur d’O’Hara ne s’amollissait pas.

« Je vais vous dire ce qu’il faut faire, déclara-t-il un jour. Il faut aller voir un oculiste, le docteur Hassdaple, par exemple. C’est une bonne pâte, et cela ne vous coûtera rien. Nous pourrons payer la consulta-