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BELLIOU-LA-FUMÉE

— Euh ! il faut me le faire voir.

— Je te l’ai fait voir. Viens avec moi maintenant, et je te le montrerai encore. »

Quand ils entrèrent à la Corne d’Élan, tous les yeux convergèrent vers la Fumée, les joueurs se pressèrent autour de la table et lui firent place. Il s’assit comme d’habitude près du croupier. Son jeu fut tout à fait différent de celui de la veille. En une heure et demie, il ne joua que quatre coups, mais sa mise était de vingt-cinq dollars, et il gagna chaque fois. Il toucha trois mille cinq cents dollars, et le Courtaud rapporta la poudre d’or à la cabane.

« Maintenant il est temps de tirer ton épingle du jeu, déclara ce dernier en s’asseyant sur le bord de sa couchette et en ôtant ses mocassins. Il faudrait être imbécile pour harceler encore une chance pareille.

— Le Courtaud, il faudrait être toqué et quinteux pour ne pas adhérer à un système gagnant comme le mien.

— La Fumée, pour sûr, tu es un garçon épatant. Tu as appris dans un collège. Tu en sais plus en une minute que je ne pourrais en savoir en quarante mille ans. Mais tout de même tu te mets le doigt dans l’œil quand tu appelles la veine un système. J’ai roulé pas mal et j’ai vu un fait ou deux, et je te le dis en face, en toute confidence et certitude, un système capable de battre la banque est une chose impossible.

— Mais celui-là, je te le démontre. Il est concluant.

— Non, la Fumée, c’est un rêve d’opium. Je suis endormi : tout à l’heure je vais m’éveiller, et allumer le feu, et mettre le déjeuner à cuire.

— Eh bien, mon incrédule ami, voici la poudre. Soupèse-la ! »

Ce disant, la Fumée lança le sac d’or bien gonflé sur