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BELLIOU-LA-FUMÉE

lit, et s’aperçut qu’il formait une vaste boucle à travers la plaine. Les deux cours d’eau n’en faisaient qu’un. Deux fois il traversa la neige d’un bord à l’autre de la vallée, la première fois en partant du jalon inférieur du lot vingt-sept, la seconde en partant du jalon supérieur du vingt-huit, et il constata que le jalon supérieur de celui-ci était plus bas que le jalon inférieur du premier. Dans la demi-obscurité du crépuscule, le Courtaud avait délimité leurs deux lots sur un fer à cheval.

La Fumée revint à leur petit campement. Le Courtaud, qui achevait de laver une battée de sable, éclata d’enthousiasme en le voyant.

« Nous le tenons, le bon filon ! s’écria-t-il en lui présentant la battée. Regarde ça ! Un vrai mortier d’or ! Il y en a au moins pour deux cents dollars ! La mine est riche jusqu’à la surface du sable. J’ai baratté dans pas mal de placers, mais je n’ai jamais trouvé du beurre pareil. »

La Fumée jeta un coup d’œil indifférent sur l’or brut, s’assit près du feu et se versa une tasse de café. Joy, pressentant que quelque chose allait de travers, le regardait avec des yeux anxieux et interrogateurs. Le Courtaud fut décontenancé par le manque d’entrain de son compagnon.

« Pourquoi n’es-tu pas emballé ? Pourquoi ne piaffes-tu pas ? demanda-t-il. Nous avons là notre fortune toute faite, et tu as une moue de dédain devant des battées de deux cents dollars ! »

La Fumée avala une gorgée de café avant de répondre.

« Le Courtaud, pourquoi nos deux lots ressemblent-ils au canal de Panama ?

— Eh bien ?