du foyer avant de s’être impitoyablement frotté le nez et les joues.
La Fumée cracha en l’air, et le craquement de la salive immédiat lui fit hocher la tête.
« C’est à désespérer, dit-il. Je n’ai jamais vu un froid pareil.
— Un hiver, sur le Koyokuk, le thermomètre est descendu à soixante-cinq au-dessous, dit Joy. Il est au moins à cinquante-cinq ou soixante en ce moment, et je crois bien avoir les joues gelées : elles me brûlent comme du feu. »
Sur cette pente raide de la montagne, il n’y avait pas de glace, mais la neige y était fine et dure comme du sucre cristallisé ; ils en versèrent des quantités dans la battée, et la mirent à fondre pour le café. La Fumée fit frire du lard et dégeler des biscuits. Le Courtaud entretint le feu. Joy dressa le couvert : il était rudimentaire, composé de deux assiettes, deux tasses, deux cuillères, une boîte de poivre et de sel mélangés, et une de sucre. Joy et la Fumée durent manger à la même assiette et boire à la même tasse.
Il était près de 2 heures de l’après-midi quand ils franchirent la crête et commencèrent à descendre un petit affluent de la rivière de la Squaw.
Au début de l’hiver, quelque chasseur d’élans avait tracé une piste dans le cañon ; c’est-à-dire qu’en montant et en descendant il marchait toujours dans ses propres empreintes. Ainsi s’était formée, invisible sous les chutes récentes, une ligne irrégulière de petits monticules tassés, sur lesquels le pied pouvait trouver un point d’appui. Mais si l’on en manquait un, on plongeait dans la neige molle et il s’ensuivait généralement une chute. En outre, ce chasseur avait dû posséder des jambes d’une longueur exceptionnelle.