Page:London - Avant Adam, 1974.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée

Moelle, le vétéran de la horde, n’avait jamais vu pareille chose. Je me souviens du regard inquiet et désolé dont il examinait la glace. (Nos yeux reflétaient toujours une douloureuse tristesse lorsqu’un fait nous échappait ou que nous ressentions un désir vague qu’il nous était impossible d’exprimer.) Œil-Rouge, lorsqu’il considéra la glace, prit cet air sombre et consterné, puis il regarda au-delà de la rivière, vers le Nord-Est, comme si, de quelque façon, il rattachait les hommes du Feu avec cette dernière découverte.

Mais nous ne vîmes de glace que ce matin-là, et ce fut l’hiver le plus rigoureux que nous eûmes à subir. J’ai souvent songé qu’il était avant-coureur des innombrables hivers à venir, lorsque les énormes glaçons venus du Nord se répandirent sur la surface du globe. Nous n’assistâmes pas à ce phénomène. Bien des générations ont dû se succéder avant que les descendants de la horde dussent émigrer au Sud ou s’adapter aux nouvelles conditions de température.

Nous menions une vie insouciante et livrée au pur hasard. Nous ne formions guère de