fidèles qui vivaient dans les arbres voisins de celui de ma mère. Mais l’existence au sein de la horde ne se prêtait guère à la monogamie. C’est sans doute pourquoi les couples fidèles s’en éloignaient. Pendant plusieurs années ils demeuraient unis, mais lorsque l’un ou l’autre des conjoints mourait ou était dévoré par les bêtes de proie, le survivant trouvait invariablement un nouveau compagnon.
Une chose m’intrigua au plus haut point durant les premiers jours qui suivirent mon arrivée dans les cavernes. Une peur inexplicable planait sur toute la horde. Dès l’abord, elle m’apparut reliée à une idée d’orientation : la horde redoutait le Nord-Est et vivait dans une appréhension perpétuelle de ce point de l’horizon. Plus fréquemment que de tout autre côté, les membres de la horde se tournaient vers le Nord-Est et alors une crainte extrême se peignait sur leurs visages.
Quand Oreille-Pendante et moi allions dans cette direction pour manger les carottes aux racines fibreuses, qui, à cette saison, pullulaient, il devenait d’une timidité étonnante. Il se contentait des rebuts, des grosses