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franchi les murs. Moi qui n’avais vu d’arbres que dans les parcs et les livres illustrés, durant mon sommeil j’errais à travers d’interminables forêts ; bien plus, ces arbres de rêve n’étaient pas une vision vague et confuse, mais ils offraient des contours nets bien détachés. Je vivais dans leur intimité, j’en connaissais chaque branche, chaque brindille et jusqu’à la moindre feuille.

Je me souviens nettement du jour où, pour la première fois, je vis un chêne. Tandis que j’observais les feuilles, les branches et les nœuds du tronc, je me rappelai, avec une précision angoissante, avoir vu ce même arbre un nombre incalculable de fois pendant mon sommeil. Je ne fus donc nullement surpris lorsque, plus tard, j’identifiai à première vue le sapin, l’if, le bouleau et le laurier. Je les connaissais depuis longtemps et les revoyais encore chaque nuit dans mes rêves.

Ainsi que vous l’aurez remarqué, les faits exposés ci-dessus transgressent la loi fondamentale des rêves, à savoir que dans les rêves on revoit ce qu’on a vu, à l’état de veille, se dérouler dans un ordre plus ou