les tiraillements de mon estomac. Je conserve le souvenir précis d’une chasse aux petits lézards sur le sommet rocheux d’un monticule dénudé. Ils se faufilaient sous les cailloux et réussissaient presque tous à m’échapper ; mais, de temps à autre, je retournais une petite roche et en saisissais un. La présence de serpents me chassa de ce monticule. Ils venaient simplement se chauffer au soleil sur les pierres plates et ne me poursuivaient point, mais telle était ma frayeur atavique de ces horribles animaux, que je détalais aussi vite que s’ils eussent été à mes trousses.
Alors je mâchais l’écorce amère des jeunes arbres. J’ai vague souvenance d’avoir mangé des noix vertes à la coquille molle et à la chair laiteuse. Je me souviens plus nettement d’un mal d’estomac causé soit par l’absorption de noix vertes ou de lézards. Je ne saurais préciser, mais je sais pertinemment que je dus au simple hasard de ne point avoir été dévoré par les bêtes féroces durant les heures où je me tordis sur le sol en proie à de violentes coliques.