passai d’un arbre à l’autre sans toucher terre. Je ne suivais aucune direction déterminée et voyageais de façon irrégulière. Comme mes semblables, j’étais de nature inconséquente ; en outre, je n’étais encore qu’un enfant et je m’arrêtais souvent pour jouer en chemin.
Les aventures qui m’arrivèrent après mon départ du nid familial s’estompent et mon esprit et mes rêves ne me les retracent point. Mon autre moi a beaucoup oublié, surtout en ce qui concerne cette période. De surcroît, je ne suis jamais parvenu à grouper mes différents rêves de façon à combler la lacune entre ma fuite de notre demeure aérienne et mon arrivée dans les cavernes.
Il me souvient cependant qu’à plusieurs reprises je traversai des espaces découverts. Je les franchissais à la hâte, descendant jusqu’à terre et courant de toute la vitesse dont j’étais capable. Je revois en ma mémoire des jours pluvieux et des jours ensoleillés, preuve que je dus errer pendant un temps assez considérable. Je me rappelle particulièrement ma détresse endurée sous les pluies torrentielles, les affres de la faim et la façon dont j’apaisais