Page:London - Avant Adam, 1974.djvu/5

Cette page n’a pas encore été corrigée

un tel degré d’intensité. Car ma peur était la peur des temps reculés, la peur qui dominait l’humanité à sa naissance, en un mot, la peur, reine absolue de cette époque primitive, connue sous le nom de Pléistocène moyen.

Vous vous demandez ce que je veux dire ? Je vois qu’une explication est nécessaire avant de vous révéler la nature de mes rêves, autrement vous ne pourriez saisir le sens des choses qui me sont familières. Tandis que j’écris ces lignes, tous les êtres et les événements de cet autre univers surgissent devant moi en une vaste fantasmagorie, et je comprends que pour vous ils demeureraient dépourvus de signification.

Que représentent à vos yeux l’amitié d’Oreille-Pendante, la chaude sympathie de la Rapide, la volupté et l’atavisme d’Œil-Rouge ? Une incohérence criarde, rien de plus, de même que les agissements des hommes du Feu et des hommes des Arbres, et les bruyants conciliabules de la horde. Car vous ignorez la paix des fraîches cavernes au flanc des falaises, et les rassemblements au bord des cours d’eau où l’on allait boire au