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j’étais le seul objet capable de retenir son attention plus de cinq minutes à la fois. De plus, ma mère finit par se lasser de prendre ma défense. Je crois même qu’à la suite des chamailleries continuelles suscitées par le Jaseur, j’étais devenu pour elle une source d’ennuis. La situation empira si rapidement que j’aurais sans doute, de mon propre gré, quitté ma famille. La satisfaction même d’accomplir cet acte d’indépendance me fut refusée. Avant que je me fusse décidé à partir, je fus chassé de chez moi.

L’occasion s’offrit au Jaseur, un jour que je me trouvais seul dans le nid. Ma mère et le Jaseur s’étaient rendus de compagnie vers le marais aux myrtilles. Il avait dû tout comploter d’avance, car je l’entendis revenir seul à travers la forêt, poussant des rugissements de rage. Comme tous les hommes de notre horde, lorsqu’il était en proie à la colère ou qu’il voulait s’exciter à la violence, il s’arrêtait de temps à autre pour se frapper la poitrine à coups de poing.

Je compris la situation désespérée et, tout tremblant, je me tapis dans le nid. Le Jaseur