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employaient en tout et pour tout une trentaine ou une quarantaine de sons pour se faire comprendre de leurs semblables.

Je les appelle des sons et non des mots parce que, primitivement, ils n’étaient que des sons, sans valeur déterminée qu’eût rendue variable l’adjonction d’adjectifs ou d’adverbes. Ces derniers instruments du langage n’étaient pas encore inventés. Au lieu de changer la signification du nom ou du verbe par l’emploi de l’adjectif ou de l’adverbe, nous alternions les sons par des variations d’intonations et de durées ; le temps plus ou moins rapide réservé à l’émission d’un son particulier en nuançait le sens.

Ne possédant aucune conjugaison, nous jugions du temps par la contexture du discours. Nous ne parlions que de choses concrètes, parce que nous ne pensions qu’à des choses concrètes. Nous nous expliquions beaucoup par gestes. La plus simple abstraction dépassait notre pensée ordinaire ; et s’il arrivait à l’un de nous de concevoir une