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muscles comme des cordes : elles ressemblaient davantage à des bras. On y devinait tout juste un soupçon de ce mollet rond et charnu qui agrémente votre jambe et la mienne. Je me souviens qu’il ne pouvait marcher sur la plante des pieds, parce qu’il avait les pieds préhensibles. Le gros orteil, au lieu de se trouver à la hauteur des autres orteils, s’opposaient à eux à la façon d’un pouce. Voilà ce qui lui donnait l’apparence d’une main et lui permettait de s’agripper aux arbres, mais l’empêchait de marcher sur la plante des pieds.

Son aspect n’était pas moins insolite que la façon dont il arriva à l’endroit où ma mère et moi nous nous tenions perchés au-dessus de la bande furieuse des sangliers. Il vint près de nous en sautant de branche en branche, et d’un arbre à l’autre. Au moment où j’écris ces lignes, il me semble le voir encore, se balançant dans le vide pour prendre son élan, quadrumane velu, hurlant de rage ; il s’arrête de temps à autre pour se frapper la poitrine de son poing fermé, attrape une branche d’une main, s’élance pour franchir