Nous n’étions guère nombreux. De temps à autre, au fil des jours, d’autres membres de la horde apparurent. Ils se traînaient hors du marécage, seuls, ou par groupes de deux ou trois, plus morts que vifs, véritables squelettes ambulants, jusqu’à ce qu’enfin nous atteignîmes le nombre de trente, et ce fut tout. Œil-Rouge ne se trouvait point parmi nous. Aucun enfant ne survécut à cette épouvantable odyssée.
Je ne m’étendrai pas sur les années que nous passâmes au bord de la mer. Notre séjour n’y fut pas heureux. L’air était froid et mordant et nous souffrions continuellement de la toux et du rhume ; un tel milieu n’était guère favorable à notre santé. Des enfants naquirent, il est vrai, mais ils succombaient en bas âge et le chiffre des morts dépassant celui des naissances, notre tribu s’appauvrissait sans cesse.
De plus, le changement radical d’alimentation ne nous valait rien. Ne trouvant que peu de végétaux et de fruits, nous devînmes mangeurs de poissons. Nous ramassions des moules, des ormiers, des