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pas nos pieds s’enfonçaient dans la vase jusqu’aux chevilles.

Il me souvient que nous fûmes retardés par des ruisseaux, des lacs et des mers de boue. Parfois surgissaient des orages et l’eau recouvrait de vastes étendues de terres basses. Nous connûmes la faim et la misère durant de longs jours, retenus captifs dans les arbres par ces inondations passagères.

Une scène particulièrement dramatique a laissé en moi une marque indélébile. Nous sommes entourés d’arbres gigantesques ; de leurs branches pendent de longues franges de mousse ; d’énormes lianes, semblables à de monstrueux serpents, s’enroulent sur les troncs et s’élancent dans l’air en un enchevêtrement inextricable. Partout, de la boue, de la boue liquide, où bouillonnent des gaz, et qui, sous l’effet d’une agitation intérieure, palpite et soupire.

Au milieu de ce paysage infernal, nous restons une douzaine d’êtres décharnés et misérables, n’ayant plus que la peau et les os. Finis les rires, les chansons et les babillages ! Nous ne songeons plus à nous jouer des