naguère. Son veuvage ne l’affectait pas outre mesure, du moins il n’en laissait rien paraître. Sa blessure à la jambe semblait le tourmenter bien davantage et il lui fallut une bonne semaine pour recouvrer toute son agilité.
Os-à-Moelle était l’unique vieillard de la horde. Parfois, lorsque j’évoque son image, alors que j’en ai une vision assez nette, je trouve une analogie troublante entre lui et le père du jardinier de mes parents. Le père du jardinier était très vieux, très ridé et tout cassé ; et je vous jure que lorsqu’il regardait à travers ses petits yeux chassieux et marmottait entre ses gencives édentées, c’était le vieil Os-à-Moelle tout craché. Tout enfant, cette ressemblance m’épouvantait et je me sauvais à toutes jambes dès que je voyais surgir le vieillard titubant appuyé sur ses deux cannes. Le vieil Os-à-Moelle avait sur le visage quelques poils blancs disséminés qui me rappelaient tout à fait les favoris du père de notre jardinier.
Comme je viens de le dire, Os-à-Moelle