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jeune femme mourut. Cet été-là, il se passa un fait surprenant. Vers la fin de la saison, nous eûmes une seconde récolte de carottes. Ces nouvelles racines inattendues étaient tendres et juteuses, et pendant quelque temps le champ de carottes fut le pâturage favori de la horde. Un matin, de bonne heure, un certain nombre d’entre nous y prenions notre déjeuner. À côté de moi se trouvait le Chauve. Derrière lui venaient son père et son fils, le vieil Os-à-Moelle et Longue-Lèvre. De l’autre côté, entre Oreille-Pendante et moi, se tenait ma sœur.

Tout à coup, le Chauve et ma sœur s’enfuirent en poussant des cris. Au même instant je perçus le bruit mat des flèches qui les transpercèrent. L’instant d’après ils roulaient sur le sol, se débattant et hurlant de douleur, tandis que les autres couraient vers les arbres. Une flèche me frôla et se ficha en terre ; brusquement arrêtée dans son vol, sa tige empennée vibra. Je me souviens nettement du grand détour que je décrivis pour l’éviter, semblable en cela au cheval qui fait un écart devant l’objet de sa frayeur.